Richard Nixon by Coppolani Antoine

Richard Nixon by Coppolani Antoine

Auteur:Coppolani, Antoine [Coppolani, Antoine]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard
Publié: 2015-11-27T23:00:00+00:00


La Chine ou « les ennemis de mes ennemis »…

En août 1974, ce même rapport de la CIA soulignait que les réactions de la République populaire de Chine avaient été « généralement favorables ». En effet, aux yeux des Chinois, la nouvelle configuration stratégique n’avait guère d’impact sur leur propre posture nucléaire ou sur les relations sino-américaines. Bien au contraire, ils estimaient que la nouvelle doctrine stratégique des États-Unis renforçait leur position vis-à-vis de l’URSS et prouvait que l’hostilité entre les superpuissances perdurait en dépit de la Détente2166. À cette date, les relations entre les Chinois et les Américains avaient connu une amélioration spectaculaire. Amélioration qui n’avait pas empêché les seconds, au moment même où ils multipliaient les contacts avec leurs ennemis d’hier, d’intégrer la Chine à leurs plans de frappes nucléaires. Les archives révèlent même que Kissinger, au mois d’août 1973, à une date où il avait déjà effectué pas moins de cinq voyages en Chine, fut un bref instant désorienté quand, lors d’un briefing lui exposant les options de frappes nucléaires limitées mises au point par le Pentagone, un gradé évoqua, après celles concernant l’URSS et l’Europe, celles relatives à la Chine. « De quoi parlez-vous, lui demanda-t-il, tout cela est couché sur le papier » ? Kissinger se ressaisit très vite, notant avec satisfaction que les militaires étaient enfin parvenus, au bout de tant d’années, à élaborer les plans de guerre limitée qu’il avait réclamés à cor et à cri2167.

Ce n’était certes pas la première fois que la perspective d’une guerre contre la Chine était évoquée au sommet de l’État américain. Quatre années plus tôt, en 1969, l’hypothèse de plus en plus plausible d’un conflit nucléaire entre l’URSS et la Chine avait été un point crucial rendant possible le rapprochement sino-américain. Le 28 août 1969, William Hyland, l’un des assistants de Kissinger au sein du Conseil de sécurité nationale, lui avait remis un rapport sur l’évolution des relations sino-soviétiques. Il y mentionnait explicitement qu’une guerre nucléaire limitée entre l’URSS et la Chine « ne serait en aucune façon un désastre pour les États-Unis ». Bien au contraire : cet affrontement fratricide pourrait conduire à une résolution rapide de la guerre du Vietnam et serait une « solution » au problème posé par la capacité nucléaire de la Chine2168.

Quelques jours plus tôt, pour la première fois, le National Intelligence Estimate, c’est-à-dire le document de synthèse produit par les renseignements américains, avait estimé qu’il était raisonnable de poser la question d’une guerre majeure entre l’URSS et la Chine et, au minimum, d’une frappe soviétique contre les installations nucléaires chinoises. Brejnev, tout comme Khrouchtchev avant lui, pouvait légitimement s’en inquiéter. En 1957, lors d’un déplacement à Moscou, à une date où la Chine était en quête de l’arme nucléaire et bénéficiait encore de la coopération de l’URSS pour y parvenir, Mao avait parlé avec beaucoup de désinvolture de la perspective d’un conflit nucléaire : « Demandons-nous un peu combien de gens mourraient si la guerre éclatait. Il y a actuellement 2,7 milliards d’êtres humains dans le monde.



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